En 1998, alors que je n’avais que 12 ans, mon père a été invité à assister à un séminaire de formation avancée en Leadership chrétien à l’Haggai Institute, Hawaii, USA. A son retour, il a amené des livres avec lui, traitant de Leadership chrétien. Malgré mon jeune âge relatif, j’étais fortement interpellé par ces ouvrages, et petit à petit, je commençais à être imprégné des valeurs et des connaissances qui y étaient partagées.

Ainsi, en 2002, alors que j’avais 16 ans, l’idée de Timothy Fellowship, une structure dédiée au développement du leadership et de l’évangélisation à Madagascar, a germé en moi; à partir de 2004, j’ai ainsi commencé à organiser de petits évènements, notamment des Worship sessions durant lesquels les participants ont l’occasion de louer Dieu ensemble et de partager leurs témoignages. C’est d’ailleurs lors d’une de ces sessions que j’ai rencontré Malala, qui deviendra par la suite ma femme en 2008. Par la suite, nous avons créé ensemble notre première entreprise, ArchiCONCEPT, me plongeant progressivement dans le monde de l’entrepreneuriat.

En 2011, sur insistance de mon père, j’ai participé à un concours de Business Plan organisé par l’ISCAM et l’ONG belge Newcopark. Grâce à Dieu, j’ai obtenu le premier Prix pour ma 2nde entreprise, la startup Virtual Mada, ce qui m’a permis d’être accompagné par un incubateur d’entreprises pendant 1 an et développer ma startup. Un des membres du Jury  a d’ailleurs investi dans Virtual Mada , en tant que Business Angel.

En 2013, cette fois sur recommandation d’un cousin, j’ai participé à un concours international de startups innovantes, organisé par le département d’état américain, et que j’ai remporté, ce qui m’a valu d’être classé dans le Top 40 des Entrepreneurs innovants en Afrique de l’Ouest. Grâce à ce prix, j’ai pu assister à un rassemblement d’entrepreneurs africains innovants en Tanzanie, un BootCamp comme on les appelle, et durant lequel j’ai eu droit à des séminaires de renforcement de capacités, des formations très pointues sur le sujet de l’entrepreneuriat, et surtout, des séances de networking qui m’ont permis d’élargir mon réseau et étoffer mon carnet d’adresse au niveau international.

Petit à petit, Dieu me faisait ainsi découvrir les structures d’appui à l’entrepreneuriat,  et me faisait comprendre le rôle majeur de ces dernières dans le développement de l’écosystème entrepreneurial d’un pays.

Et c’est là qu’est venu le déclic, au fond de moi, ça bouillonnait: qu’est ce qui se passerait, me disais-je,  si les entrepreneurs chrétiens à Madagascar avaient droit à ce type d’accompagnement de qualité? D’une manière générale, la seule éducation chrétienne qu’ils pouvaient recevoir venait de leur propre Eglise, mais le résultat est mitigé: Si l’Eglise peut enseigner sur le domaine de la Foi, Elle n’est pas compétente en matière d’entrepreneuriat. Un pasteur n’est pas censé connaître les rouages du fonctionnement d’une entreprise. Et de l’autre côté, les enseignements que reçoivent les entrepreneurs chrétiens en dehors de l’Eglise, ne sont pas suffisants pour allier Foi et Entrepreneuriat. L’idéal serait ainsi d’avoir une structure qui puisse être un pont entre les deux mondes, car avoir la Foi n’est pas suffisant pour monter et diriger une entreprise, il faut avoir des compétences techniques, managériales, des notions de leadership, etc. De-même, sans la Foi et les valeurs partagées dans la Bible, un entrepreneur chrétien risquerait de passer à côté de la volonté de Dieu pour son entreprise et la mission qu’il est censé accomplir.

A mon retour au pays, une tante m’a ainsi conseillé de me rapprocher de Habaka Innovation Hub, une ONG pionnière dans le développement technologique et l’innovation à Madagascar, et en même temps une des premières structures d’appui à l’entrepreneuriat. Ensuite, par un enchaînement rapide de circonstances, je suis devenu le président du Conseil d’Administration de Habaka à partir de 2015, poste que j’ai occupé jusqu’en 2018. Toutes ces expériences m’ont fortement influencé, et m’ont permis d’identifier les bases de Startup Faith, que j’ai créé en 2018. Sans perdre de temps, dans le cadre de Startup Faith, j’ai alors organisé LEAD Talks, un évènement réunissant entrepreneurs chrétiens à succès, et un public composé de jeunes souhaitant également monter leur propre entreprise. C’était à l’époque la première plateforme de « motivational talk » chrétien de Madagascar.

Mais alors que tout semblait bien débuter et que Startup Fait était en apparence un succès, j’ai décidé d’arrêter, car au fond de moi, j’étais convaincu qu’il manquait quelque chose à ce que je partageais aux autres jeunes. Je sentais que je passais à côté de l’essentiel, car les enseignements que je partageais étaient plus des notions d’entrepreneuriat et leadership, mixées à du développement personnel, et ne traitaient pas assez des véritables défis auxquels seraient confrontés les véritables entrepreneurs chrétiens. J’ai alors demandé à Dieu de me communiquer ce qu’Il avait à cœur, ce qui compte vraiment pour Lui. Alors, pendant les 5 années suivantes, je me suis surtout concentré sur le développement de mes entreprises, sans pour autant cesser de demander à Dieu de m’éclairer sur la suite à donner à Startup Faith. Entre temps, grâce notamment aux réseaux sociaux, Madagascar a vu fleurir toute une foule d’influenceurs chrétiens, et le message véhiculé par la majorité est plus ou moins le même: « Va y, utilise tes talents, tu as tout pour réussir, le succès est à portée de tes mains, à conditions que tu aies une attitude positive de gagnant et que tu suives à la lettre certains principes. Le monde est à tes pieds, GO, GO GO!! ».  En soi, ce message n’est pas faux, et c’est exactement le même que je partageais aux tout début de Startup Faith. Mais il n’est pas suffisant, et les effets peuvent même être dévastateurs, car beaucoup d’entrepreneurs chrétiens ont suivi ces enseignements, ils ont appliqué ces principes, mais une grande majorité ne s’en sort pas, et pire, certains ont même perdu la Foi, à cause de la déception.

De mon côté, je demandais toujours à Dieu de m’éclairer, de m’apporter des éléments de réponse sur ce que je dois partager aux jeunes chrétiens. Et c’est en Mars 2024, lors de l’un de mes voyages professionnels, que j’ai enfin eu la conviction profonde de reprendre Startup Faith, alors que je priais tôt vers 3h le matin, dans ma chambre d’hôtel. La direction que devait prendre Startup Faith est devenue claire pour moi, et paradoxalement, c’est là que tout a commencé à basculer dans ma vie: dès lors, les épreuves ont commencé, devenant de plus en plus violentes au fil des mois. Je sentais le poids de plus en plus pressant de l’ennemi peser sur moi, toutes mes activités se sont ébranlées, c’était une véritable catastrophe au niveau des entreprises. En quelques mois, tout s’était effondré, j’étais en train de tout perdre et d’être en faillite . Et pourtant, Dieu était toujours là, malgré les flots de problèmes qui devenaient de plus en plus insurmontables. Dieu était toujours là pour m’empêcher de couler complètement. Et dans cette grande détresse,  ces moments de solitude, j’ai compris une grande vérité, que je pensais d’ailleurs connaître en tant que chrétien, mais dont ne comprenais pas vraiment la portée ni les conséquences: c’est que suivre Jésus, c’est également suivre un chemin de croix. En tant qu’entrepreneur chrétien, j’ai certes du faire face à des challenge, des défis, mais il me semblait qu’à chaque fois, il y avait toujours une solution à mes problèmes. Je priais, et Dieu apportait la solution. A un certain moment, je me sentais même invincible, partant du fait que ma Foi me permettait de soulever n’importe quelle montagne, et que je pouvais facilement devenir le meilleur. Mais mon expérience de 2024 m’a fortement secoué. J’ai réalisé que ce chemin de croix est vraiment réel, que nous n’appartenons pas à ce monde, que ce monde nous fera souffrir, tout comme il a fait souffrir notre maître Jésus-Christ.

Wow, ce fut un vrai choc! C’est un peu loin des messages édulcorés et plein de bonnes promesses que nous entendons de nous jours dans le monde de l’entrepreneuriat chrétien, ces messages empreints de développement personnel qui nous promettent victoire sur victoire, à conditions de suivre certains principes, d’avoir une certaines mentalité, de « vibrer » positivement pour attirer plein de bonnes choses. Pour avoir profondément étudié toutes ces théories, pour avoir creusé très loin sur tous ces enseignements, j’en suis arrivé à une conclusion: la grande majorité des choses qui sont largement diffusées de nos jours sur l’entrepreneuriat chrétien, sans être toutes fausses, comportent un piège pour tout entrepreneur chrétien qui veut suivre Dieu sincèrement, et travailler au développement de Son Royaume. Certains principes sont viables pour des entrepreneurs normaux, car oui, obéir à certaines règles permet d’avoir des résultats conséquents, car on récolte ce que l’on sème. Mais l’entrepreneur chrétien est dans une toute autre dimension, car nous n’impactons pas que l’économie, nous ne sommes pas là juste pour gagner de l’argent: nous sommes là premièrement pour servir Dieu, pour servir les autres, et pour être des instruments puissants entre les mains de notre Seigneur. En ce sens, nous dépendons entièrement de Lui, c’est Lui qui nous guide, nous forme, et non des principes. Tout est centré sur le Christ, sur ce qu’Il attend de nous, et non sur nous-mêmes et notre propre développement personnel qui nous rendrait indépendant du Christ.

Dans Jean 15-5, Jésus dit: « Je suis le cep, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure porte beaucoup de fruit, car sans moi vous ne pouvez rien faire. » Et c’est vrai. On a beau obéir à toutes ces règles, on a beau avoir la meilleure des attitudes et faire des déclarations de victoire (ce qui n’est pas mauvais en soi), sans Jésus, nous ne pouvons rien, il est en même temps la source de tout, et la finalité de tout.  Et c’est là la raison d’être de Startup Faith: ramener les entrepreneurs chrétiens au Christ d’abord, et c’est à partir de là que tout commence. Le message de repentance, de parcours quotidien avec le Christ, et l’évangélisation active, ne devraient pas être dilué au profit d’autres enseignements qui nous promettent monts et merveilles, loin des problèmes et autres soucis de ce monde.

Mais l’entrepreneuriat chrétien, bien qu’étant un chemin de croix, est en même temps une aventure incroyable, car on expérimente constamment la fidélité de Dieu, Sa providence au jour le jour, Ses promesses de nous accompagner dans les jours de détresse -et il y en aura beaucoup. Mais Il  nous a promis que nous sommes plus que vainqueurs, car Il a déjà vaincu le monde. J’ose affirmer ainsi que l’entrepreneuriat est une des formes ultimes d’expression de la Foi, car elle nous rend dépendant de Dieu, et nous permet de nous dépasser, de découvrir de nouveaux horizons, d’expérimenter une vie de miracles, à conditions que nous acceptions de « jouer Son jeu », à Sa manière.

Aujourd’hui, Startup Faith est toujours fidèle à sa première mission, à savoir contribuer à l’émergence d’une nouvelle génération d’entrepreneurs éclairés par l’évangile. Nous voulons voir des entrepreneurs excellents, qui sont guidés par le Saint-Esprit dans leur vie de tous les jours, qui utilisent leurs talents pour le bien de la société, et qui contribuent activement à l’évangélisation ainsi qu’au développement de Madagascar. Nous voulons voir une nouvelle génération d’entrepreneurs transformés, de véritables disciples de Jésus-Christ qui viennent apporter Sa lumière en ce monde, et qui travaillent activement à l’édification de Son Royaume.

La question est: Et vous, nous rejoindriez-vous? Oseriez-vous vous dépasser et découvrir les merveilleuses choses que Dieu vous réserve dans l’entrepreneuriat chrétien?

ANDRITIANA Dewa Nirilalaina